Jules nous propose de partir pour le Japon, un pays connu pour ses gyozas et Hayao Miyazaki, à la rencontre d’un style musical peu connu en France : le jazz nippon.
À re·découvrir : Parlons d’Hayao Miyazaki: Grand animateur et réalisateur japonais
transcription :
Bonjour à toutes et à tous, je suis Jules Laurans-Moreau et aujourd’hui grâce à ma chronique Le Japon terre d’adoption du jazz je vais vous faire découvrir l’un des genres musicaux japonais très peu connu en France : le Jazz.
Ce genre musical est particulièrement florissant au Japon. Le pays du soleil levant a, selon certaines estimations, la plus grande proportion d’amateurs de jazz dans le monde.
Le jazz fut introduit au Japon dans les années 1920 et fut durant un temps très « occidental ». Ce n’est qu’après la seconde guerre mondiale qu’il commença à s’affranchir de son inspiration originelle. Il était considéré à l’époque comme trop américain et donc associé à une culture étrangère. Il était nécessaire pour lui de s’affranchir des modèles de départ pour exister. Ce qui débuta en 1965 par l’ouverture de la première école de jazz par le saxophoniste Watanabe Sadao.
Je vous propose d’écouter un extrait interprété par ce célèbre saxophoniste.
[Sadao Watanabe – All The Things You Are]
La musique jazz est devenue populaire au Japon au début des années 1920, à la suite de visites de groupes des Philippines, où la musique populaire américaine avait été introduite par les forces d’occupation. La pratique locale du jazz, a commencé à émerger notamment dans les quartiers de divertissement prospères d’Osaka et de Kobe.
Le Hatano Jazz Band est parfois décrit comme le premier groupe de jazz japonais bien qu’il s’agisse avant tout d’un groupe de danse. Il a été créé en 1912 par des diplômés de l’école de musique de Tokyo. Il a assimilé et a interprété le rythme des musiques de danse américaine après avoir voyagé à San Francisco. Mais leur musique ne prétendait pas comporter d’improvisation donc ce n’était pas vraiment considéré comme du jazz à part entière.
« L’américanité » et l’attrait de masse du jazz primitif en tant que musique de danse ont suscité l’inquiétude de l’élite conservatrice japonaise et, en 1927, les autorités municipales d’Osaka ont publié des ordonnances qui ont forcé les salles de danse à fermer. Un grand nombre de jeunes musiciens se sont alors tournés vers la scène du jazz à Tokyo, où certains ont trouvé un emploi dans les orchestres de jazz house, des grandes maisons de disques. Dans les années 1930, les compositeurs de chansons populaires Ryoichi Hattori et Koichi Sugii ont tenté de surmonter les caractéristiques controversées de la musique jazz en créant une musique de jazz typiquement japonaise. Ils ont retravaillé d’anciennes chansons folkloriques ou théâtrales japonaises avec une touche de jazz, et ont en outre écrit de nouvelles chansons de jazz qui avaient un contenu thématique japonais et ressemblaient souvent de près à des mélodies traditionnelles bien connues.
Les chansons de Hattori, cependant, flirtent avec la controverse, notamment dans son 1940 Shortage Song, qu’il écrit pour les Rhythm Boys de Tadaharu Nakano. Satirisant les pénuries de nourriture et de matériel alors répandues au Japon, la chanson a attiré la colère des censeurs du gouvernement et a été rapidement interdite. La controverse a été parmi les facteurs qui ont conduit à la séparation des Rhythm Boys en 1941.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le jazz était considéré comme une « musique ennemie » et interdit sur l’archipel Nippon. Cependant, à ce moment-là, le genre était devenu beaucoup trop populaire pour qu’une interdiction complète réussisse.
Après la seconde guerre mondiale, l’occupation du Japon par les Alliés a fourni une nouvelle incitation à l’émergence des musiciens de jazz japonais, car les troupes américaines étaient impatientes d’entendre la musique qu’elles écoutaient chez elles.
À la fin des années 1950, la pratique du jazz autochtone a de nouveau prospéré au Japon et, dans les décennies suivantes, une scène de free jazz active a atteint son plein essor.
Le critique Teruto Soejima considérait 1969 comme une année charnière pour le free jazz japonais, avec des musiciens tels que le batteur Masahiko Togashi, le guitariste Masayuki Takayanagi, les pianistes Yosuke Yamashita et Masahiko Satoh, le saxophoniste Kaoru Abe, le bassiste Motoharu Yoshizawa et le trompettiste Itaru Oki jouant un rôle majeur.
Et maintenant je vous propose d’écouter une extrait du batteur Masahiko Togashi accompagné du tromboniste Hiroshi Suzuki datant de 1969.
Hiroshi Suzuki and Masahiko Togashi Quintet – Variation (1969)
Au tournant du millénaire, Tokyo est restée la base d’une communauté de jazz petite mais florissante.
Influencé par le jazz moderne en Amérique qui utilise des éléments rythmiques et harmoniques de Hip hop, R&B et Neo soul, le son du jazz japonais est devenu plus complexe et diversifié musicalement. Toutefois, alors que le son du jazz moderne devient courant sur la scène musicale japonaise, il existe encore des musiciens de jazz qui jouent des styles de jazz traditionnels tels que le bebop, le hard bop et le post-bop .
[ i ]
Depuis les années 2000, les jazmen et jazzWomen japonnais continuent à tisser des liens avec les musiques du monde et à créer un style unique très reconnaissable « made in Japan » entre techniques percussives traditionnelles et innovations audacieuses.
Actuellement, la scène jazz japonaise est riche de jeunes musiciens tels que les pianistes Hiromi Uehara, Keiko Matsui, Ai Kuwabara et Takashi Matsunaga, qui ont un nombre considérable d’admirateurs en dehors de leur pays, qui collaborent avec les grands noms du jazz Américains et Européen et qui bénéficient d’une reconnaissance internationale.
Parmi cette nouvelle génération jazz nipponne, je citerai également la jeune pianiste Ai Kuwabara qui a sorti son premier album d’ici à là en 2012 dans lequel elle a collaboré avec le batteur de jazz américain Steve Gadd et le bassiste Will Lee.
Ainsi que Shun Ishiwaka, batteur et compositeur de jazz, dont le premier album Cleanup est sorti en 2015 où il a combiné des éléments de musique classique, hip hop et jazz ce qui a permis à cet album d’être considéré « album Jazz de l’année 2015 ».
Pour terminer cette chronique Je vous convie à découvrir un extrait de la pianiste dont nous parlions il y a un instant : Ai Kuwabara qui possède un style particulier, alliant le jazz contemporain avec des éléments de rock et un son fusion.
Ai Kuwabara trio project – Tower Jazz Free Live (2012)
Partager :