En parallèle de son émission indie rock présente chaque semaine depuis 17 ans sur le 88.3 FM, PP&M donne aussi dans l’organisation de concerts, principalement dans le 108, notre fief commun. Ce lundi 28 octobre 2019 marque la reprise de la programmation de l’association, qui s’associe une fois de plus au bar associatif Le Chafouin pour vous proposer un début de semaine watté.
This Will Destroy Your Ears (noise rock, Hossegor)
On pourrait facilement s’arrêter devant le nom apocalyptique du groupe et passer son chemin… persuadé de s’engager dans une ruelle volontairement mal éclairée ou fatigué par avance du gros temps que cette météo nous promet. En effet, même si le trio navigue sans complexe du côté de l’Oncle Sam pour sa recherche du tellurique et du bruitiste (METZ, These Arms Are Snakes, Suicide), il s’avère qu’au fil de l’écoute de ce premier album il est évident que se dessine aussi un certain amour de la couronne, et notamment de la froideur et de la désillusion des 80’s de Thatcher (Joy Division, My Bloody Valentine).
Formé en 2017 dans les Landes par Magali, Quentin et Pierre-Johann, les membres de This Will Destroy Your Ears, tout à la fois chorégraphes, plasticiens, vidéastes et spécialistes de la prise murale encastrable, sont ce que l’on appelle désormais un groupe DIY. Sauf qu’ici, cette pratique n’est pas juste envisagée comme un anglicisme à la mode, mais comme une véritable marotte et chez eux tout y passe : amplis, instruments, communication, vidéos… Ils ont même construit leur propre studio d’enregistrement (pARPAINg) et leur label/tourneur Cowboy à la mode, tout deux nichés au cœur de leur tiers-lieu Container (leur 108 à eux, quoi !).
Niché au bord de l’océan, entouré de forêt et de chevaux, le projet s’inscrit dans un ensemble qui regroupe un espace de création dédié aux artistes, un atelier de sérigraphie, un lieu d’expérimentation avec les publics et toute une ribambelle de profils qui vont du codeur au traducteur, de la graphiste à l’écrivain, en passant par la spécialiste en modélisations de risques d’ouragans en Atlantique-Nord ; ça ne s’invente pas. Une communauté effervescente (où chacun travaille toujours un petit peu sur les projets des autres), bien loin des clichés du surfeur blondinet accro à l’adrénaline et qui porte les germes d’une contre-culture plus proche d’un « Berlin à la plage » que d’une Landifornie fantasmée et déjà très largement has-been.
Pour leur première tournée en mars 2018, ils décident de partir en Angleterre avec un Renault Master de 1981 – que les locaux renommeront tendrement « Georges » et qui sera le héros de leur première vidéo – pour comprendre, disent-ils, comment les anglais s’y sont pris pour ré-inventer autant de fois le rock’n’roll. Ils partagent alors la scène avec USA Nails, John, Bearfoot Beware ou Black Midi et en profitent pour enregistrer à Londres leur premier deux titres (les UK Sessions) au Bear Bite Horses Studio de Wayne Adams. En 2019, ils sortent leur premier album Clear entièrement enregistré chez pARPAINg avec la complicité de Dorian Verdier, clavier chez J.C. Satàn et Boris Lehachoir, en une semaine, au milieu du vacarme rassurant d’un tiers-lieu en pleine ébullition, très loin de l’image d’Épinal de la cabane landaise paumée au milieu des pins.
This Will Destroy Your Ears aiment beaucoup les gens mais ils ont tendance à leur dire beaucoup trop fort.
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